La mer morte.
Aujourd’hui nous allons à la Mer Morte. Nous traversons la Cisjordanie par la route 1 sans nous attarder dans le moindre petit patelin palestinien. La route est belle et bordée de montagnes désertiques sur près de 50 kms. Nous ne nous sommes même pas arrêtés pour prendre des photos. Le check-point se passe sans problème et nous voici sur les rives de la Mer Morte. Faut-il le rappeler, le point le plus bas de la terre émergée avec une altitude de - 422 m.
Tout autour de nous des paysages qui dépassent l’entendement. Des falaises de plusieurs centaines de mètres, surplombant des plaines stériles de cailloux tantôt oranges, tantôt jaunes, tantôt blancs. Plus loin, la mer est d’un bleu soutenu souvent bordée d’un liseré blanc.
En dehors de rares oasis où poussent quelques palmiers, rien n’est vert. On sent ici la réelle valeur de l’eau douce.
Le site de baignade s’appelle « Ein Guedi », à cette saison il est habituellement bondé de touristes. Lorsque nous arrivons, il n’y avait que quatre voitures sur l’immense parking.
Un petit bar marque l’entrée du site. Un chemin en béton a été aménagé pour approcher de la plage de galets.
Des parasols permettent de se mettre en tenue de bain et l'un d'entre eux abrite une douche d'eau douce.
Nous nous mettons en maillot de bain et approchons du bord de l’eau. Le soleil de plomb nous chauffe la peau et on sent même la chaleur remonter des pierres qui nous entourent. Ici tout est extrême. La rampe qui permet de se tenir pour remonter de la plage est brûlante et fortement oxydée. Nous déposons nos affaires sur un rocher et approchons de l’eau salée. Fabienne s’inquiète de la rapidité à laquelle la profondeur s’accentue et demande à Léni de faire attention alors qu’il entre dans l’eau avec Yannis. Elle est vite rassurée par l’incapacité évidente de couler. Les garçons nous apprennent que l’eau est très chaude et que la sensation est étonnante. Nous enlevons nos tongs sur le bord afin de nous précipiter à l’eau…
La première sensation est effectivement la chaleur de l’eau, puis le toucher est très particulier. En fait, on a l’impression d’entrer dans de l’huile tiède. Puis en nous avançant nous remarquons qu’il est effectivement impossible de couler, se tenir à la verticale dans l’eau demande des efforts. La seule position confortable est d’être allongé à plat dos dans l’eau, ou plutôt SUR l’eau.
Mais attention de ne pas faire trop d’éclaboussures, la moindre gouttelette sur les lèvres ou dans l’œil impose un rinçage immédiat à l’eau douce.
Nous profitons de cette baignade tellement particulière… Puis nous sortons pour aller nous rincer à la petite douche que nous avions précédemment repérée. La remontée au soleil, la peau couverte d’une eau dont la teneur en sel dépasse les 27% est assez désagréable, nous nous précipitons sous la douche en omettant de retirer les chaussures et les lunettes tellement nous avions besoin de cette eau.
Cette expérience est vraiment unique. Qui ne s’est jamais baigné dans cette mer ne peut pas comprendre et ceux qui l’ont connu ne peuvent plus l’oublier. Nous sommes heureux d’avoir pu vivre ensemble un moment tellement unique.
Nous quittons Ein Guedi et remontons vers le nord en longeant les rives de cette mer si particulière afin de rejoindre Massada. Les restes d'une ville fortifiée érigée par Hérode.
Visite de Massada.
Nous arrivons par la belle route qui longe la mer morte. Dans le complexe qui permet d’accéder à Massada tout est hyper moderne. Le parking est sous-terrain pour que les voitures soient à l’ombre. Le bâtiment fait trois étages et est climatisé au point d’y avoir froid. Le contraste est saisissant avec la fournaise extérieure.
Il y a bien un petit sentier qui permet de monter à pied jusqu’au plateau granitique de plus de 450m de hauteur, mais s’il ouvre une heure avant le levé du soleil, il ferme aussi très tôt dans la matinée parce qu’il est impensable d’envisager une telle ascension par 40° à l’ombre surtout que de l’ombre, il n’y en a pas. C’est donc par le téléphérique touristique que nous rejoindrons le sommet.
Tout au long de la montée et surtout en arrivant, nous sommes frappés par la beauté du paysage dont les teintes rappellent qu’ici rien ne pousse. En dehors de cette mer que nous savons TRES salée, tout est sec, extrêmement sec.
Nous sommes partagés entre ces pierres posées ici il y a plus de 2000 ans pour ériger un somptueux palais pour les résidences d’hivers d’Hérode et la violence majestueuse des paysages du désert de Judée.
A l’aide d’un dépliant, pour une fois en français, qui nous a été donné lors de l’achat de nos billets, nous entreprenons de faire le tour du site. Le tour des fortifications fait 1400m et la température est telle qu’il est même pénible de marcher d’un endroit ombragé à l’autre pourtant distant de quelques décamètres. Tout est magnifique : l’histoire de cette cité, la chaleur, le manque d’eau que nous gérons avec des bouteilles que nous avons emportées, le jaune éblouissant de la pierre, les à pics des falaises, les profondeurs des citernes creusées par les romains mais qui sont vides d’eau de nos jours… Ici la folie des hommes se confronte à la force de la nature, et au regard de ce qui reste de Massada, j’ai bien peur que ce soit la nature qui ait encore gagnée cette guerre.
Ici Hérode a donc fait bâtir un palais-forteresse au sommet de ce promontoire granitique de plus de 450m de hauteur, fuyant Jérusalem, pour y installer sa résidence d’hiver. Il y menait une existence digne de son rang en faisant monter de l’eau douce à dos de bête par le petit sentier escarpé lorsque les réserves pluviales étaient épuisées. Mais Hérode est mort à 33 ans (tien, lui aussi),et le palais fut abandonné à la suite de son décès. Plusieurs années plus tard, lorsque les juifs furent chassés de Jérusalem par les romains, un groupe de rebelles vinrent s’installer à Massada avec femmes et enfants. Mais les romains ne supportaient pas qu’un groupe de rebelles leurs tiennent tête et décidèrent de reprendre Massada. Après un long siège, on voit encore les vestiges des camps romains en contrebas, ces derniers décidèrent d’édifier un remblai de pierres et de sable pour monter à l’assaut de la ville. Ce remblai aurait été réalisé en une seule nuit… (Faut-il qu’on soit bête au point de croire une chose pareille). Massada fut reprise par les romains alors que les occupants juifs préférèrent se donner la mort plutôt que de finir esclaves de Rome. Ils prirent la décision de mourir en hommes libres…
Ici on voit bien les vestiges de ce remblai.
Les vestiges des camps romains sont encore visibles de nos jours.
Les restes du palais d'Hérode
Sur cette photo se cache un petit chat. Le jeu est d'arriver à le trouver... Je ne sais pas ce qu'il peut bien manger et même boire, mais il est là...
Après une grosse journée pleine d’expériences, pleine d’images, pleine de chaleur et de soleil, nous somme rentrés dans notre maison de vacances.
Demain, c’est repos, courses (il faut bien manger autre chose que des sandwichs) et plage. Nous devrions visiter Saint-Jean d’Acres samedi. C’est une très belle ville ancienne, du temps des croisés, dont la population est musulmane et chrétienne. Shabbat de devrait pas trop nous gêner.